MONOGRAPHIE DE VIGNACOURT
par l'abbé Ed. Jumel, curé de Bourdon
Amiens - 1868
X. Seigneurie de Vignacourt.
La seigneurie de Vignacourt passe pour une des plus anciennes et des plus
importantes de la province de Picardie ; elle fut occupée successivement par
les Comtes, les Châtelains, les Vidames d'Amiens et en dernier lieu par messire
François de Selle, conseiller du roi.
Si l'on en croit D. Rumet, Chron. ma. du Pays et du Comté de Ponthieu, Guy,
comte d'Amiens en 1138, épousa la fille du seigneur de Vignacourt, qui lui
apporta en dot cette terre et plusieurs autres. Mais il ne la posséda pas longtemps,
car il fut dépouillé de son comté et de toutes ses possessions vers l'an 1148,
par Louis VIII, pour avoir tué le seigneur de Boves. Il mourut ensuite en 1174
et fut inhumé sous le péristyle de l'église d'Amiens.
Suivant le témoignage de D. Grenier, Dict. topog., la seigneurie de Vignacourt,
après avoir été possédée par les Comtes d'Amiens, tomba entre les mains des
Châtelains par le mariage de Guy, châtelain d'Amiens, avec Mathilde fille du
comte Enguerrand. C'est ce que nous apprend une charte de 1151, dans laquelle
Aléaume, fils de Guy, châtelain, et de Mathilde, appelle son oncle Robert,
comte d'Amiens et frère de Enguerrand de Boves.
Les Comtes et les Châtelains d'Amiens portaient, du reste, les mêmes armes,
c'est-à-dire, d'argent à trois chevrons de vair ; il n'y a de différence que
dans les brisures, ce qui prouve que ces deux familles provenaient de la même
souche.
Dom Grenier a pu constater cela dans une charte de Dreux d'Amiens, châtelain et
seigneur de Vignacourt, octroyée à la ville de Montreuil-sur-Mer, le 9 mars
1279 et scellée de son sceau. Le sceau est rond, de cire verte, un peu fruste
dans le contour, pendant en languettes de parchemin à double queue. Il
représente un chevalier armé de toutes pièces, le casque surmonté d'une aigrette
; il porte un écu armorié ainsi : d'argent à trois chevrons de vair. On lit
autour du sceau : S. Drogonis. de. Ambianis. Dom. de Vineacurtis. Le
contre-scel offre un écusson armorié de même, excepté qu'il n'est point chargé
de vair. (Arch. de l'Hôtel-de-Ville de Montreuil-sur-Mer. Liasse dans un
coffre, pièce cotée IV).
Les Châtelains et les Comtes formaient, comme on le sait, avec les Evêques et
les Vidames, un faisceau de pouvoirs féodaux. Ils étaient tous quatre les
seigneurs d'Amiens.
Selon le chanoine Delamorlière, Antiquités de la Ville d'Amiens, p. 58, le
premier souverain de la Ville était l'Evêque ; le deuxième, le Comte ; le
troisième, le Vidame, et le quatrième, le Châtelain, comme il assure l'avoir vu
dans une transaction passée entre Philippe d'Alsace, comte d'Amiens, l'Evêque,
le Vidame et le seigneur de Vignacourt ayant titre de Châtelain, touchant les
droits réciproques de chaque seigneur dans la ville d'Amiens.
Les quatres seigneurs sont encore rappelés dans un état qui fixe les mêmes droits,
dressé vers la fin du XIIIe siècle et rapporté par D. Grenier, à l'exception
que dans cet état, au lieu du Comte et du Châtelain, c'est le Roi qui figure,
comme ayant acquis ces deux parties en 1283, de Dreux d'Amiens, seigneur de
Vignacourt. Voici le texte de cette pièce importante : Item, li quatre
seigneurs, chest à sçavoir li Roi, li Evêque, li Vidame, Li Roi de rechef pour
la part qui fut jadis au seigneur d'Amiens.
La seigneurie de Vignacourt passa des mains des Châtelains dans celles des
Vidames, barons de Picquigny, par le mariage de Jean de Varennes, seigneur de
Picquigny, Vidame d'Amiens, avec Agnès, fille de Dreux, Châtelain et seigneur
de Vignacourt.
Nous en trouvons la preuve dans la déclaration suivante insérée dans le
Cartulaire rouge de la baronie de Picquigny : Nous, Jean de Varennes et Agnès,
dame de Labroye, ma femme, confirmons les dites lettres de notre cher père
messire Dreux d'Amiens, chevalier, sire de Vignacourt, qui s'est dessaisi de la
dite seigneurie entre les mains du Vidame pour nous en saisir, et dont le dit
Vidame nous a reçu à hommage et lui avons fait quatre hommages : le premier, de
140 livrées de terre à Flichecourt ; le second, de 150 livrées de terre assises
à Vignacourt et que nous tenons de lui en pairie ; le troisième, des marais de
l'Etoile, et le quatrième, du castel de Vignacourt, de la ville et de ses
appartenances. (Cart. rouge de Picq. fol. 6, an 1282).
Les Vidames conservèrent la seigneurie de Vignacourt jusqu'en 1774, époque à
laquelle elle fut achetée par Liefman Calmer, grand bourgeois de La Haye.
Enfin, en 1790, elle appartint à messire Charles-François de Selle, chevalier,
conseiller du roi en tous ses conseils, ministre des requêtes ordinaires de son
hôtel, seigneur propriétaire du comté de Mesnil, Saint-Denis, Beaurin, Rodon ;
seigneur des Vidames d'Amiens, châtellenies de Vignacourt, des seigneries de
Toulay, Breilly, Lachaussée, Grenier et autres lieux, demeurant à Paris, en son
hôtel rue des Francs-Bourgeois, paroisse Saint-Paul. (Arch. dép.).
La seigneurie de Vignacourt dépendait en partie du comté de Ponthieu, car en
1267, nous voyons Dreux d'Amiens, châtelain de Vignacourt, faire le
démembrement de fiefs qu'il tenait de ce comté. (D. Grenier, port. 14. p.330.--
Louandre, Hist. des Comtes du Ponthieu, I. 194).
De plus, elle était de la mouvance de l'abbaye de Corbie, comme toutes celles
qui se trouvaient au nord de la Somme, et était tenue par 10 livres parisis et
5 livres de chambellage. C'est en cette qualité que Dreux de Vignacourt fit
partie de la commission composée des plus anciens seigneurs et assemblée par le
roi Philippe-Auguste, pour fixer les limùites du comté d'Amiens, qui touchait à
celui de Corbie, lorsque ce souverain prit possession du comté d'Amiens. (D.
Grenier, port.20, p. 547).
Parmi les droits des seigneurs de Vignacourt, nous mentionnerons surtout celui
qu'ils avaient de prendre chaque année dans chaque taule de changeur de monnaie
en la cité d'Amiens, une poignée de deniers courants. Ce droit remarquable se
rouve consigné en ces termes dans une charte dont la copie est gardée dans les
archives de l'Evêché d'Amiens : "li sire de Vinacors, châtelaina coutume
de prendre chacun an, en la cité d'Amiens, a chaque taule de changeur de
monnoye, une poignée de deniers qui court en la cité."
Les seigneurs de Vignacourt étaient tenus de rendre hommage à l'abbé de
Saint-Riquier, et à défendre le monastère envers et contre tous, excepté le roi
de France, le comte de Ponthieu et le vidame d'Amiens. A cet effet, et comme
signe de l'investiture, les abbés de Saint-Riquier donnaient à leur évènement
un anneau d'or au Seigneur de Vignacourt ; eut-il été fort léger, celui-ci ne
pouvait refuser de le prendre, car il suffisait qu'il fut d'or. (Hist. des
comtes du Ponthieu. I. 419.)
La châtellerie de Vignacourt devait un cierge à l'Eglise d'Amiens, ainsi que le
constate un titre du mois d'octobre 1280, (D. Grenier, port. 29, p. 46, 47,
87,) par lequel Dreux confirme, comme seigneur de Vignacourt, non-seulement
l'offrande d'un cierge du poids de 50 livres et aux armes du seigneur, qui se
faisait tous les ans à la messe, dans la Cathédrale, le jour de la fête de
saint Firmin le martyr ; mais déclare encore qu'il veut et entend que cette
louable et pieuse coutume soit observée à l'avenir par ses successeurs,
seigneurs de Vignacourt.
Les seigneurs de Picquigny, devaient en présenter trois : le premier à cause de
la seigneurie de Picquigny ; le deuxième à cause de la seigneurie de Vignacourt
etle troisième à cause de la seigneurie de Renneval. Ce qui prouve que le droit
subsista même après la réunion de la seigneurie de Vignacourt à celle de
Picquigny.
A l'exemple des rois de France, voulant avoir un entourage et se former une
cour, les châtelains d'Amiens, fractionnèrent leur seigneurie de Vignacourt et
accordèrent à plusieurs hommes libres, une partie de leurs terres qui devinrent
autant de fiefs.
Vers la fin du XIVe siècle,la châtellenie tenait dans sa mouvance 463 fiefs ou
parties de fiefs, dont les 16 terres à clocher. Voici les pricipaux fiefs séants
à Vignacourt :
1° Le fief Butin. -- Le possesseur de ce fief devait aux seigneurs de Picquigny
la reconnaissance annuelle d'un hambourg et de deux flèches ferrées de fer
barbé, ou la valeur de 20 sols. (Aveu du 16 novembre 1499. -- D. Grenier, port.
7, p. 433.) Ce fief, sis à Vignacourt, consistait en 31 journaux 1/2 de
domaine.
2° Le fief du camp de Poivre. -- Il était tenu à la seigneurie de Picquigny par
3 quarterons, 2 onces 1/2 de poivre, plus la 15e partie d'un once.
3° Le fief de Tuncq, tenu de la seigneurie de Vignacourt par 4 sols, 2 deniers.
(Arch. départ.)
4° Le fief du Cloître, qui faisait seigneurie était occupé par les chanoines,
et consistait en 12 maisons. Suivant une sentence du 1 juillet 1771, était
bailli de la terre, et seigneurie du fief du cloître, Pierre-Germain Pilastre,
et sergent M. Louis Duboille. (Arch. départ.)
5° Le fief de la Pierre élevée, petra elevata et non pas clavata, est désigné
dans un aveu et dénombrement de la seigneurie de Picquigny, donné en 1300 à
l'abbaye de Corbie. Il consistait en 12 journaux en une pièce, était situé
derrière la ville de Vignacourt, touchait au bois de Jean Grenier et aux
Courtiaux de Vinacourt. (D. Grenier, port. 9, p. 60.)
6° Le fief Grenier, tenu du seigneur de Picquigny et de celui de Vignacourt. Il
fut occupé en 1302 par Alard Grenier, qui en fit aveu et reconnaissance. Tout
nous porte à croire, que le célèbre bénédictin de Corbie, Dom Grenier,
appartenait à cette famille possesseur de ce fief.
7° Le fief de la forêt de Vignacourt, qui comprenait environ 900 journaux de
bois tant haute que basse futaie et relevait en plusieurs fiefs nobles
d'Ailly-sur-Somme.
8° Le fief de Vignacourt, mouvant de Corbie et tenu de Picquigny, (D. Grenier,
port. 20, p. 547.) est le chef-lieu d'une des plus illustres et des plus nobles
familles de Picardie, dont plusieurs branches se sont répandues en Flandre, en
Artois, en Champagne et en Alsace. Le chef de nom et d'armes de cette maison
est aujourd'hui M. Louis-Marie Balthasar, marquis de Vignacourt, fils du
marquis de Vignacourt, lieutenant-général des armées du roi et grand croix
héréditaire de l'ordre de Malte.
9° Les fiefs de Percluet, de Vadencourt et de Warlusel, appartenaient tous
trois à l'Hôtel-Dieu d'Amiens. (Arch. départ.)
10° Le fief des Champs appartenait à M. de Guillebon chevalier, seigneur de
Saint-Mars, et comprenait 6 journaux verges.(Arch. départ.)
11° Le fief de Follemprise, comprenait 24 journaux.
12° Le fief de Gorenflos, composé de plus de 30 journaux tenu à plein hommage
de la châtellenie de Vignacourt. Dans la mouvance de ce fief se trouvait une
pièce de terre appartenant au Chapitre de Picquigny, et affermée 4 livres et
118 setiers de blé. (Rép. S. Mart. p. 37.)
13° Le fief de Bragnon ou Baignon. (D. Grenier.)
14° Le fief de Dours-le-Sec.
15° Le fief des Essarts.
16° Le fief de Saint-Saulieu.
17° Le fief de Metz.
18° Le fief Saint-Julien.
19° Le fief de Bréhouville.
20° Le fief du Bois du Parc.
21° Le fief Bouchon.
22° Le fief Hornas.
Les châtelains d'Amiens résidèrent bien peu dans Vignacourt ; ils se faisaient
représenter par un prévost de châtellenie, qui maintenait les droits
seigneuriaux, rendait la justice et percevait les dîmes et rentes. Les termes
du payement étaient fixés à la Saint-Jean-Baptiste, à la Purification, à la
Saint-André, et au Vendredi après le jour des âmes, ainsi qu'il résulte d'une
charte de 1270. (D. Grenier.)
Le cartulaire du Chapitre d'Amiens, II, fol. 198 et 199, fait mention d'un
prévôt de Vinacourt, nommé Pierre, qui, au mois de février 1229, engagea à
l'Eglise d'Amiens, la 3e portion des dîmes qu'il possédait au terroir de
Wannast, du consentement de Euphémie, sa femme, et de Béatrix de Béthencourt,
de qui relevait la dîme.
Cependant, il existait déjà au XIIIe siècle un castel à Vinacourt, ainsi que
cela résulte d'un aveu de Dreux d'Amiens, de tout ce qu'il tient de Jean de
Varennes, vidame d'Amiens, sir de Picquigny, savoir : le Castel de Vinacourt,
la ville et les appartenances ; de plus il doit six semaines d'estages et huit
jours de feste. (Juillet 1280. -- Cart. rouge de Picq., fol. 68)
Ce château situé non loin de l'église, au témoignage de D. Rumet, existait
encore au XVIe siècle. (Hist. Ms. de
Picardie, fol. 293. -- D. Grenier. -- Dict. topog.)
La seigneurie de Vignacourt, ainsi que nous l'avons dit plus haut,
appartint dans l'origine aux châtelains d'Amiens, qui formaient avec les
Comtes, les Evâques et les Vidames un faisceau de pouvoirs féodaux. Notre
intention n'étant point de nous étendre trop longuement sur ce sujet, nous nous
bornons à indiquer ce que les seigneurs ont fait de plus important.
GUY D'AMIENS, fils d'Adam, partisan de Enguerran de Boves et Thomas de Marle,
est qualifié, en 1125, seigneur de Vignacourt, Flixecourt, La Broye, Canaples,
Bachimont etc. Ce fut kui qui fonda le Prieuré de Saint-Firmin-au-Val et le
dôta de grands biens. L'une de ses filles, Flandrine, épousa Guermond, Vidame
d'Amiens, seigneur de Picquigny.
ALEAUME D'AMIENS, qui succéda à son père dans la seigneurie de Vignacourt, fut
le fondateurdu Prieuré de Flixecourt, auquel il accorda le droit de chauffage
dans la forêt de Vignacourt et la moitié des revenus de l'autel
"medictatem altaris de Wirnadicurte et dimidium cassum" (Victor de
Beauvillé. -- (Docum. Inédits. I. 295.) Il mourut en 1176 laissant sa
seigneurieà Dreux d'Amiens, son fils aîné.
DREUX D'AMIENS, donne, en 1180, à l'abbaye royale de Berteaucourt, pour le
salut de son âme et celui d'Aléaume, son père, 50 sols à prendre, tous les ans,
sur son droit de rtavers de Vignacourt, payables le jour de Noël. Il se trouve
à Corbie lorsque Beaudoin, comte de Flandre, termine le différent entre
l'abbaye et Wautier, avoué d'Encre. Il ratifie avec Pierre, son frère, les
donations faites à l'abbaye de Saint-Jean, par leurs prédécesseurs et ce en présence
de Thibaut Evêque d'Amiens, de Odon, abbé de Saint-Martin et Gautier, doyende
Vignacourt.
PIERRE D'AMIENS, comparaît en qualité de seigneur de Vignacourt en 1196,
donnant satisfaction au Chapitre d'Amiens pour l'outrage fait par ses officiers
de Vignacourt, au village de Vaux, appartenant au Chapitre. Il mourut à
Constantinople en 1208.
RENAULT D'AMIENS, son frère cadet, d'abord chanoine de Notre-Dame, lui succéda
en la seigneurie de Vignacourt. par lettres du mois de janvier 1216, il exempte
les moines de l'abbaye du Gard, de tous les droits de péage et de travers en
l'étendue de ses seigneuries, leur accordant en outre les droits de vaine
pâture pour leurs troupeaux. Ces lettres sont signées et munies de son sceau.
(Communiqué par M. le baron de Calonne.) La même année, Rénault fonde le
Chapitre de Saint-Firmin-le-Martyr, à Vignacourt, lui assignant de grands
biens. En 1226, les albigeois ayant beaucoup affaibli l'armée des catholiques,
le roi Louis VIII, assemble les plus grands seigneurs de son royaume pour
prendre conseil sur les moyens pour remédier à ces pertes. Rénault d'Amiens,
seigneur de Vignacourt est de ce nombre avec Philippe, comte de Boulogne et e
Clermont. C'est dans cette assemblée illustre, que les seigneurs font cette
déclaration : "Nous, pour l'honneur de notre cher seigneur Louis, illustre
roi de France et du royaume de France, nous louons et lui conseillons qu'il
entreprenne le fait de la guerre des albigeois, et promettons sur la foi que
nous lui devons, que nous l'aiderons de bonne foi, comme notre seigneur lige,
jusqu'à la consommation dudit fait et autant qu'il travaillera à ycelui. "
D'après un titre du Chapitre de Vignacourt, du mois de mai 1226, il paraît que
Rénault vendit à Nicolas, abbé de Saint-Jean, 114 arpens de bois situés aux
haies de Hornas à Vignacourt.
JEAN D'AMIENS, donne, en 1238, aux chanoines de Vignacourt 7 livres de rente, à
prendre sur le travers de ce lieu. Arnould, évêque d'Amiens, approuve cette
donation pour une charte du mois de septembre 1238.
DREUX D'AMIENS, successeur de Jean d'Amiens, son père, en la seigneurie de
Vignacourt, vend au roi Philippe III tous les droits qui lui appartiennent en
la ville d'Amiens, provenant des anciens châtelains, ses prédécesseurs. Il
éclipse en 1276 la forêt de Vignacourt au profit de sa fille Marguerite, épouse
de Enguerran de Fieffes. D'après une charte de 1279 il cède après sa mort à
Guillaume, évêque d'Amiens, la collation de 6 prébendes de l'église collégiale
de Saint-Firmin de Vignacourt, que Rénault, son aïeul, s'était réservées à
conférer par lui et ses successeurs ; la collation des 6 autres prébendes ayant
déjà été accordée en 1216, lors de la fondation du Chapitre de Saint-Firmin.
Ainsi par cette dernière cession, les Evêques restèrent en droit de conférer
les 12 canonicats de cette collégiale.
En 1285, Dreux d'Amiens, seigneur de Vignacourt, vend à Guillaume, Evêque
d'Amiens, toute la seigneurie qu'il possède à Pierregot pour la somme de 350
livres. Il paraît par in titre du mois de novembre 1285, qui est conservé dans
les archives du Chapitre, qu'il confirme à ce Chapitre l'amortissement des
maisons des doyens et chanoines pour le nombre de 12, selon la fondation.
Par un titre du mois d'octobre 1279, Dreux d'Amiens confirme, comme seigneur de
Vignacourt, non seulement l'offrande d'un cierge du poids de 50 livres, qui se
faisait tous les ans, à la messe, dans la Cathédrale, le jour de la fête de
Saint-Firmin le martyr ; il déclare en outre qu'il veut et entend que cette
louable et pieuse coutume soit observée à l'avenir par ses successeurs,
seigneurs de Vignacourt. Dreux d'Amiens étant mort sans enfants mâles, la
seigneurie tomba dans la maison de Varennes par le mariage de Jean de Varennes
avec Jeanne d'Amiens, fille puînée de Dreux, laquelle devint l'unique héritière
des biens de sa maison, après la mort de ses deux soeurs, Agnès et Marguerite.
La seigneurie de Vignacourt passa successivement dans les maisons de Raineval,
Ailly, Albert de Luynes pour tomber enfin dans les mains de Charles-François de
Selle, chevalier, conseiller du roi, maître des requêtes, demeurant à Paris, en
son hôtel, rue des francs-bourgeois, qui s'en rendit acquéreur le 27 avril
1774.
Nous renvoyons à la Monographie de Flixecourt, ceux qui voudraient avoir de
plus amples détails sur les seigneurs de Vignacourt.
L'Abbé Ed. Jumel
Officier d'Académie, Membre de l'Institut du P. de France, etc., etc.
introduction
I. origine, situation,
division territoriale, foires et marchés, etc.
II. Vignacourt sous les
Normands et les Croisades. (879-1096-1250.)
III Vignacourt pendant
les sièges de Picquigny, Amiens et Corbie. (1470-1597-1636.)
IV Vignacourt sous les
chevaliers de Malte. (1601-1697.)
V. Etablissement de la
commune à Vignacourt.-- Administration.
VI. Maladrerie - Ecoles
communales.
VII. Paroisse et Doyenné
de Vignacourt.
VIII. Chapitre de
Saint-Firmin de Vignacourt.
IX. L'église de
Vignacourt.